RETOUR DE LA BAULE

" Je suis bien content d'être venu. Quelle aventure" !

Pour reprendre tout simplement cette belle réplique d'André Dussollier dans le si frais et apaisant film de Jean Becker (1) " Les Enfants du Marais". Une fois encore, une fois de plus l' Officiel de France a été solaire. Solaire à la faveur d'une météo taillée sur mesure tant pour les cavaliers et leurs chevaux que pour les spectateurs venus au stade François André à près de 50.000 pendant 4 jours.

Une fois encore, une fois de plus, la Normandie et la Manche en particulier ont pris leur part dans cette aventure. De la victoire dans la première épreuve d'un cheval manchois monté par Julien Gonin, en passant par les deux succès de Julien Epaillard, Manchois lui aussi, réhaussés par son fantastique double sans faute dans la Coupe des Nations. Ajoutons à cela les 2èmes places du même couple Julien Gonin/ Caprice de Guinfard dans le Derby des Pays de Loire et de Grégory Cottard associé à la lauréate manchoise du GP de Bordeaux Cocaine du Val dans le convoité prix Saur, devancé, c'est honorable, par le N°1 mondial.

Pour L'Equipe, le saut d'obstacles : "Olympique" ou seulement " Omnisports" ?

Une fois encore et une fois de plus, malgré l'enthousiasme manifesté par les organisateurs de ce qui est, martelons-le, la compétition majeure du calendrier, labellisée ainsi par la Fédération Française d'Equitation, tout en reconnaissant l'intérêt que manifestent de nombreuses chaînes dédiées ; le quotidien " l'Equipe" n'y consacrait dans son édition du lundi que quelques lignes en bas de page dans la rubrique "Omnisports". Le report d'un mois par rapport aux éditions antérieures, qui fait coïncider, la Baule avec la finale de Roland Garros, les 24 Heures du Mans ne plaide pas, hélas, en faveur d'une amélioration dans ce domaine. Quand même !

Bref ! le cru "La Baule" 2023 a été, une fois encore et une fois de plus le phare du saut d'obstacles en France. Il méritait qu'on y monte pour vivre d'en haut cet océan d'émotions.

Episode 1 - La Coupe des Nations

Le Brésil aux tirs aux buts

L'Equipe brésilienne composée de Marlon Modolo Zanotelli, Rodrigo Pessoa, Yuri Mansur et Stephan de Freiras Barcha

Avec le Brésil comme avec l'Allemagne, la métaphore footballistique est facile. C'est pourtant au terme d'un barrage à 3 qui opposait la Belgique, la Suède et la "Seleçao" que le pays du "Roi Pessoa" s'imposait.

Avant, rappelons-le, devant des tribunes pleines, dix équipes de 4 couples, s'étaient opposées tout au long de deux manches. Un peu trop long. Huit aurait suffi. Mais les Japonais, entrainés par le très expérimenté Rob Ehrens étaient venus dans la quête de leur qualification aux JO. Au-delà de leur résultat, nous eûmes, nous Normands, le plaisir de voir le vétéran Saxo de la Cour ( Dollar dela Pierre) né chez les Couétil à Moyon Villages.

Marlon Modolo Zanotelli et Grand Slam VDL

A froid, il est surprenant, même s'il s'agissait d'une équipe jeune adossée au routinier Houtzager, les Néerlandais terminent bons derniers en sauvant malgré tout l'honneur puisque Lars Kersten en selle sur Emmerton et Kars Bonhof avec Hernandez TN bouclent chacun un 2ètour sans faute. Tout autant surprenant, alors que leurs compatriotes l'emportaient dans la Coupe du CSIO3* de Bratislava, les Irlandais étaient 9èmes. Les Nippons précédaient les Germains eux aussi décevants. A commencer par le couple Nieberg/Ben 431 lauréat du Gp d'Aix la Chapelle. Décevant et déçu lui-même le nouvel "Oiseau rare" de la sélection d'Otto Becker, Richard Vogel (2), auteur d'un premier tour pénalisé d'1 point de temps dépassé tant le vainqueur du GP de Stuttgart s'était attaché à maitriser la puissance de sa "Porsche" United Touch S qui s'éparpillait dans le bac à sable lors de la seconde manche avec 12 points.

Wilm Vermeir et Iq van het Steentje

Les Suisses, à égalité de points : 12, avec la Grande Bretagne et la France sont 6èmes pénalisés par un temps global sur les deux manches de 215.88 contre 213.45 aux Britanniques et 209.39 aux nôtres. A noter : toutes équipes confondues ce sont les 4 tricolores qui furent les plus rapides.

A propos de nos compatriotes, sans entrer dans le détail et sans porter de jugement sur leurs performances individuelles, Simon Delestre, Grégory Cottard et Kevin Staut, ceci malgré le second tour sans faute du premier nommé, ne furent pas à la hauteur attendue. C'est ainsi, et cela ne remet pas en cause l'avenir. En revanche, l'engagement de Julien Epaillard avec Dubai du Cèdre pouvait sinon inquiéter, du moins interroger. Son succès dans une 155 à Rome était encourageant mais il fallait que la fille de Baloubet du Rouet confirme. Après un premier tour convaincant , le deuxième fut d'une dimension qui, une fois de plus, met en évidence les qualités intrinsèques du Manchois à se muer en pilote au sens littéral du terme. Là, comme s'il avait été dans le cockpit d'une formule 1, Julien sut à quel endroit précis actionner le DRS de Dubai pour réaliser, comme les autres doubles sans faute : Ben Maher, Wilm Wermeir et Rodrigo Pessoa, un parcours mémorable.

Julien Epaillard et Dubai du Cedre : Transcendants

Mémorable eu égard à cette remarque d'Eric Navet précisément à son sujet lors d'un concours à Brécey alors que le jeune cherbourgeois était âgé de 15 ans à peine : " Il ira loin ce p'tit jeune" !

Les Suédois piégés

Auréolés de récentes médailles mondiales, les Scandinaves auraient pu l'emporter si Von Eckermann qui pouvait se permettre 3 points de dépassement de temps pour son second tour, n'avait pas commis de faute, les mettant ainsi à égalité avec les Belges auteurs de 3 parcours sans faute comme les Brésiliens. Pedro Paulo Lacerda leur entraineur était ,pour la circonstance, secondé par Philippe Guerdat, convalescent certes mais diablement enthousiaste.

Petronella Andersson victorieuse d'une épreuve et d'un superbe sans faute en première manche

Les Belges tiraient les premiers avec Wilm Vermeir associé à Iq Van Het Steentje son complice de la victoire de Malines. Sans faute en 31.88 voilà le défi que Marlon Modolo Zanotelli et Grand Slam VDL avaient à relever. En 31.18 soit 69 centièmes de moins, le Brésilien mettait davantage de pression sur les épaules du Suédois, il faut dire largement rompu à cet exercice. Plus rapide en 30.52, avec une barre à terre, il invitait ses équipiers à partager la 3ème place ceci assuré que, consolation, son drapeau avait, selon un micro-trottoir, les faveurs du public, sans doute en mémoire de Bernadotte (3).

1- Aucun lien de parenté avec Otto Becker sélectionneur de l'équipe allemande

2- Vogel se traduit oiseau en français

3- Jean Bernadotte, né à Pau, Maréchal d'Empire fut Roi de Suéde. Le Roi actuel est le 7ème héritier de la dynastie.