PIAF DE B’NEVILLE
En retraite sur ses terres manchoises
Dans nos pérégrinations cotentinoises, après, voilà deux semaines, l'accueil de Clooney 51 dans le paradis du Val de Saire à Réville ; nous nous sommes rendus dans la Hague, autant paradisiaque que pittoresque, pour rendre visite à Piaf de B'néville alias "Ben", ainsi nommé par son cavalier et l'entourage. A Gréville Hague, précisément, le Champion olympique de concours complet à Rio y passe, depuis 2018, une paisible retraite à seulement quelques kilomètres de l'élevage où il est né. C'est en effet chez Jean-Baptiste Thiébot à Benoitville que le fils de Cap de B'néville a vu le jour.
C'est au "Lieu de Gréville" où sa famille y est installée depuis plusieurs générations, avec une amabilité non contenue mais sans ostentation que Julie Lemarinel nous accueille. Là, sur une terre qui a vu naître le peintre JF Millet mais aussi pour ce qui concerne le cheval, Roxane de Gruchy, sans compter aux alentours, ceux des Mesnil, des Letablier, des Sanson, des Paysant etc.., la jeune trentenaire exploite en Gaec, avec ses parents, une ferme laitière ainsi qu'un troupeau de Limousines. Avec la rencontre de son compagnon Matthieu Leconnétable, l'élevage du cheval de sport s'est développé.
Après des études secondaires et le bac en poche, Julie plaque un BTS en cours pour émigrer vers la verte Erin. Elle y découvre le monde du jumping mais aussi, ce qui fait la tradition de ce pays, le cheval de chasse, cela dans un élevage qui compte plusieurs dizaines de poulinières. Elle cède ensuite à l'appel de l'Angleterre où elle passera quelques années en tant que groom d'un cavalier néo-zélandais. Suit la rencontre avec Astier Nicolas par le biais de la groom d'Andrew Nicholson. Julie fait surtout la connaissance de Piaf de B'néville : " Je me suis dit, il a bien une tête de Normand. Nos mêmes racines nous ont naturellement rapprochés je pense" .
Nous sommes en 2011. Astier est installé outre Manche. C'est à l'occasion des Bramham Horse Trials que le rapprochement avec le couple Astier Nicolas/ Piaf se concrétise . En 2012, Astier à Bramham, est, avec Piaf, Champion du Monde des moins de 25 ans. Julie, elle, officie au JO de Londres en tant que groom de la cavalière néo-zélandaise Caroline Powell : " Elle montait Lenamore, un cheval de 19 ans. La Nouvelle Zélande est médaille de bronze par équipes. J'étais vraiment heureuse. Les JO c'est le top" déclare Julie qui ajoute :" J'ai travaillé pour Astier et Ben à Badminton en 2013. Ils terminent 9ème. Là-bas c'est une performance". Victime de problèmes respiratoires et d'un souci à un jarret, Astier Nicolas réputé pour être attentif à ses chevaux renonce à participer aux Jeux Equestres Mondiaux de Caen. L'année suivante, Julie accompagne Piaf au Championnat d'Europe à Malmö en Suède. L'équipe de France est médaillée de bronze. Elle ne sera hélas pas du glorieux voyage olympique de Rio :" Mon frère se mariait". Au Brésil, l'équipe de France est médaillée d'or et Astier Nicolas associé à Piaf de B'néville est médaillé d'argent en individuel.
Avant, en 2014, Julie avait accompagné Astier et Ben à Aix La Chapelle :" A l'époque Astier était en Angleterre. En revenant en France, dans l'avion, le propriétaire m'avait dit qu'il me verrait bien le prendre en retraite. La perspective ne me déplaisait pas".
La dernière compétition du couple a lieu sur le terrain mythique de Badminton, au printemps 2017 " Je n'y étais pas, retenue par la ferme. Astier comprend que la carrière de son cheval va se terminer". ( NDLR : sur les tablettes de la FFE, il était engagé à Pompadour au printemps 2018 mais déclarera forfait).
Ses adieux, "Ben" les fera au cours d'une cérémonie mémorable en octobre 2018, à Pau où le couple avait remporté, en 2015, les "5 Etoiles de Pau". :" Le cheval était encore chez Astier alors installé en Normandie à Tourville en Auge. Je me suis rendue bien entendu dans les Pyrénées. C'était émouvant. "Ben" était fêté devant son public. Pour terminer, j'ai été embauchée pour remonter le camion avec les chevaux. En décembre, la proposition d'Aix concrétisée, il est arrivé à la maison" conclut Julie qui ne manque pas de dresser un portrait élogieux du Champion olympique : " C'est un cheval facile, une crème, c'est le cheval le plus simple que j'ai pu côtoyer. Un bon élève qui avant un départ de cross se muait en lion pour aller au combat. En revanche, il détestait la couverture et la tondeuse".
Aujourd'hui, voilà 3 ans et demi que "Ben" partage dès le printemps, avec les vaches et quelques autres de ses congénères, les vertes prairies de Gréville Hague. L'hiver, en dehors de ses sorties au paddock, il le passe au box en compagnie d'un poney shetland.
Et Julie est, et restera toujours aussi émue à l’évocation de ces moments magiques passés en sa compagnie.
